Quelles sont les évolutions des rites funéraires en Martinique ?

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La Toussaint

A La Toussaint, les tombes sont entretenues et des bougies illuminent le cimetière le soir. Miriel CHAMOISEAU, Vice-Présidente de la mutuelle Miltis, se rappelle que « c’était également une sortie pour les enfants qui aimaient faire des batailles de petites boules de cire venant des bougies, ce que l’on ne retrouve plus maintenant. »

La veillée

La principale tradition funéraire conservée est la veillée. Dans la plupart des cas, elle se déroule dans les maisons funéraires des pompes funèbres puisque beaucoup de personnes habitent en immeuble. La veillée, fixée entre 18h à 22h, est un moment moins festif durant laquelle on chante, prie, pleure et on se remémore des anecdotes autour du défunt. La dimension festive est retrouvée lorsque la veillée a lieu dans une maison. Le cercueil est placé à l’intérieur autour duquel des femmes prient, pleurent et chantent. À l’extérieur de la maison, l’entourage du défunt échange des anecdotes, et des conteurs, avec parfois des tambours, animent la veillée pouvant durer jusqu’au matin.

La marche funéraire

Le lendemain, avant la cérémonie à l’église, une marche funéraire est organisée à partir d’une place du village à quelques kilomètres de l’église. Le corbillard, qui dirige la marche, précède la famille et les connaissances du défunt qui portent les gerbes. Lors de l’enterrement, avant que le cercueil soit descendu dans la tombe, des femmes prient et chantent. Tout le monde y assiste et reste jusqu’à ce que la tombe soit fermée. La croyance veut que si quelqu’un glisse un papier sur lequel est écrit le nom d’une personne qu’il souhaite voir mourir, sous le corps du défunt, elle tomberait alors malade et mourrait.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Les traditions ancestrales ont en majorité disparu aujourd’hui. Les familles font appel à une société de pompes funèbres qui s’occupe de tout : le corps, le cercueil, l’inhumation ou la crémation, le décor pour la veillée… Les volontés du défunt sont cependant toujours respectées. Le décès d’une personne rassemble encore actuellement une centaine de personnes minimum. On peut le constater lors des veillées et des enterrements qui réunissent les voisins, les amis, les habitants du quartier, mais aussi les collègues de travail. on observe ainsi la popularité du défunt et/ou de sa famille. Miriel Chamoiseau tient à préciser qu’en Martinique, « il est rare d’assister à des funérailles où il y a peu de monde. » Elle en a eu l’expérience une fois seulement avec la présence de moins de 10 personnes et s’en souviendra sans doute toute sa vie. L’atmosphère des funérailles reste différente aujourd’hui : la solidarité, l’importance accordée au mort et au deuil, et la dimension festive sont moindres. La famille a moins de temps à consacrer au mort et au deuil, les avis d’obsèques sont publiés sur les radios locales, les familles préfèrent rester en petit comité et sont éclatées. En effet, la majorité des jeunes martiniquais partent étudier et travailler en métropole. Pour les enterrements, il faut donc parfois attendre que les enfants rentrent. Et, si ce n’est pas le cas, une messe est organisée 8 jours après l’enterrement à laquelle ils assisteront. Enfin, les demandes de crémation sont de plus en plus nombreuses en Martinique.

La prévoyance obsèques en Martinique

La prévoyance obsèques en Martinique existe depuis de nombreuses années. Les personnes cotisaient toute leur vie à la tontine ou au « sous au décès ». Lors d’un décès, chaque habitant du quartier versait un sou et la somme réunie était remise à la famille. Cette forme d’assurance obsèques est l’origine de la Mutuelle Amitié Entraide et Solidarité Martiniquaise devenue aujourd’hui la mutuelle Miltis, l’une des premières mutuelles à faire de la prévoyance décès en Martinique. Les assurances décès sont aujourd’hui très largement souscrites, mais le plus souvent dans le cadre de contrats annuels à fonds perdus. Les vraies garanties obsèques sont viagères et comportent une valeur de rachat en cas de cessation du paiement des cotisations. Cette évolution est une adaptation nécessaire face au vieillissement de la population et à l’évolution de la pyramide des âges. C’est une sécurité pour les futurs cotisants. contrat obsèques